Dans les paysages arides du nord de l’Éthiopie, se dressent encore aujourd’hui des vestiges majestueux d’une civilisation oubliée. L’Empire aksoumite, qui a régné sur cette région entre le Ier et le VIIe siècle après J.-C., a laissé derrière lui un héritage architectural époustouflant. Parmi ses nombreux monuments, les stèles d’Aksoum, ces obélisques monolithiques sculptés avec précision, témoignent de la puissance et du savoir-faire de cette civilisation africaine.
L’érection de l’une de ces stèles, celle mesurant près de 33 mètres de hauteur et connue sous le nom de “Stele d’Aksoum”, représente un événement historique majeur qui éclaire la complexité de la société aksoumite et son insertion dans le monde antique.
Pour comprendre la signification profonde de cet acte architectural, il faut remonter aux racines de l’Empire Aksoum.
Ce royaume a connu une expansion fulgurante au cours des IVe et Ve siècles, profitant d’un emplacement stratégique sur les routes commerciales reliant l’Afrique orientale à l’Europe et à l’Asie. Les rois aksoumites ont établi des relations diplomatiques avec l’empire romain et se sont convertis au christianisme au début du IVe siècle.
Cette conversion a joué un rôle déterminant dans le développement culturel et politique de l’Empire Aksoum. L’adoption du christianisme copte, une branche spécifique du christianisme issue d’Égypte, a renforcé les liens avec la communauté chrétienne méditerranéenne.
Les rois aksoumites ont encouragé la construction d’églises et de monastères, faisant d’Aksoum un centre religieux important pour les chrétiens de la Corne de l’Afrique. La Stele d’Aksoum, érigée au Ve siècle, illustre cette évolution religieuse. Sa forme imposante, typique des monuments funéraires du monde antique, a été adaptée pour servir de monument commémoratif à un roi aksoumite décédé.
Les inscriptions gravées sur la stèle mentionnent le nom du souverain défunt et évoquent son règne glorieux. Cette inscription bilingue, en grec ancien et en gé’ez (la langue des Aksoum), témoigne de l’ouverture culturelle de l’Empire aksoumite. L’utilisation du grec, langue diplomatique de l’époque, permettait aux Aksoum d’établir des relations avec les autres empires, tandis que le gé’ez reflétait leur identité locale et leur héritage culturel unique.
La construction de la Stele d’Aksoum nécessitait une expertise technique considérable. Les artisans aksoumites ont utilisé des techniques de taille et de montage ingénieuses pour assembler les blocs de granite qui composent cet imposant monument. La stèle, pesant environ 160 tonnes, témoigne de la maîtrise architecturale des Aksoum.
L’érection de cette stèle a également eu un impact symbolique important. Elle servait non seulement à honorer la mémoire du roi décédé mais aussi à proclamer la puissance et la grandeur de l’Empire Aksoum aux yeux du monde entier. La stèle était visible à des kilomètres à la ronde, témoignant de l’ambition des Aksoum de dominer la région.
Bien que nous ne sachions pas avec certitude qui a commandé la construction de la Stele d’Aksoum, il est probable qu’il s’agisse d’un acte politique destiné à renforcer l’autorité du roi et à consolider le pouvoir aksoumite.
La stèle était également un symbole de la prospérité économique de l’empire. La taille des blocs de granite et leur assemblage complexe nécessitaient une main-d’œuvre importante et des ressources considérables.
Malgré sa splendeur, l’Empire Aksoum a connu un déclin progressif au cours du VIIe siècle. Des facteurs internes tels que les conflits dynastiques et externes comme l’expansion de l’Islam ont contribué à la perte de pouvoir de cet empire autrefois florissant.
La Stele d’Aksoum, pourtant, continue de nous fasciner aujourd’hui. Elle est un témoin précieux du passé glorieux de l’Afrique orientale et une source d’inspiration pour les générations futures.